L'hotel de ville de Montreal

L'hotel de ville de Montreal
 

L'hotel de ville de Montreal


   
Histoire du bâtiment   
  
L'hôtel de ville est construit entre 1872 et 1878, puis modifié de 1923 à 1926 après un incendie survenu en 1922. Il est situé dans un secteur traditionnellement voué à l'administration publique. Il occupe un vaste site entre la rue Notre-Dame et le champ de Mars, en face du château Ramezay. L'excavation commence en 1872 en lieu et place de jardins créés plusieurs décennies plus tôt pour la résidence et les bureaux montréalais des gouverneurs du Bas-Canada. La construction de l'édifice proprement dit débute en 1874 d'après les plans des architectes Alexander Cowper Hutchison et Henri-Maurice Perrault. L'inauguration a lieu le 11 mars 1878. Le Conseil municipal et la mairie, installés au marché Bonsecours depuis 1852, y emménagent dans une demeure. 

Un incendie survenu en mars 1922 oblige la Ville à reconstruire l'édifice. Seuls les murs extérieurs sont conservés. Un étage de pierre est ajouté; les toits brisés sont construits différemment. On confie le projet aux architectes de la Ville, Louis Parant d'abord puis L. J. D. Lafrenière, lesquels sont supervisés par une commission consultative d'architectes dirigée par Jean-Omer Marchand. C'est ce dernier qui propose le remplacement du sommet du pavillon central par un campanile plus élancé. Le chantier avance rondement dès 1923. L'inauguration de l'immeuble reconstruit a lieu le 15 février 1926. Quelques années plus tard, soit en 1932, l'édifice est agrandi à l'arrière vers le champ de Mars. L'architecte Siméon Brais est responsable des travaux qui se terminent en 1934. 

Une restauration importante de l'édifice a lieu de 1990 à 1992 à l'occasion du 350e anniversaire de Montréal. Un nouvel éclairage architectural est inauguré en 2000 dans le cadre du Plan lumière du Vieux-Montréal.
 
Architecture   
  
  
L'hôtel de ville, monumental, est situé au coeur du secteur administratif traditionnel de Montréal, au sommet d'un dos d'âne, rue Notre-Dame. Le corps principal et la terrasse de l'adjonction de 1934 surplombent le champ de Mars. Les façades texturées en pierre grise de Montréal, les toits en cuivre et le campanile sont visibles de loin grâce à cet emplacement, même s'il y absence de réelle mise en perspective. 

On s'inspire au début des années 1870 de l'architecture française du Second Empire (1852-1870) dont l'influence balaie l'Amérique. Le Second Empire s'inspire de la Renaissance et du classicisme français, qui puisaient dans la Rome antique. Cette manière est caractérisée par les toits brisés ou bombés et par l'utilisation dense et abondante des éléments tels les arcs segmentaires, les colonnes et pilastres jumelés, etc. L'étage ajouté et le comble des années 1920 diffèrent de la construction d'origine mais l'esprit français demeure, en passant cette fois par l'influente École des Beaux-Arts de Paris qui suggère des compositions plus simples que celles du Second Empire, tout en puisant toujours dans le passé classique. On s'inspire ici de l'hôtel de ville de Tours (1896-1904; Victor Laloux, architecte), qui rappelle le classicisme français du XVIIe siècle, marqué par François Mansart dont le nom est resté associé aux toits brisés. 

L'avant-corps antérieur marque le caractère public et monumental de l'édifice. Le balcon permet le contact avec la foule – le général de Gaulle y a lancé son « Vive le Québec libre » en 1967. L'avant-corps postérieur muni de hautes baies en plein-centre annonce la salle du Conseil, coeur de la démocratie municipale. Les entrées des côtés servent aux affaires courantes. L'importance accrue de la fonction administrative municipale transparaît dès la construction d'origine dans les grandes dimensions de l'édifice et la quantité de fenêtres; on peut y voir le premier grand édifice de bureaux de Montréal. 

Éléments décoratifs significatifs extérieurs 

Le campanile – bien que non muni de cloches –, ainsi que l'horloge soulignent symboliquement la fonction publique de l'hôtel de ville. Les armoiries de la Ville apparaissent dans la pierre au-dessus de la porte principale et à la base des deux grands lampadaires de l'entrée. En plus de la devise Concordia Salus –le salut par la concorde –, on y lit les mots « CORPORATION MONTREAL » dont les premières lettres sont reprises dans le monogramme CM qui orne les grilles de bronze des portes d'entrée en chêne et les marquises métalliques des entrées secondaires (1926). Des plaques de bronze encastrées et des plaques commémoratives rendent explicites la fonction de l'édifice et rappellent le passé des lieux. Des nombreux éléments contribuent par ailleurs au discours architectural – vases et cheminées décoratives, ailerons à volutes, etc. – et soulignent le caractère monumental et français de l'édifice. 

Intérieur accessible au public 

Un parcours monumental est proposé au visiteur : grand escalier extérieur, portique, long vestibule, hall d'honneur sur deux étages au centre de l'édifice, et enfin salle du Conseil. De chaque côté se trouvent les halls d'ascenseurs et des corridors ornés des portraits des maires. On descend à l'étage des comptoirs de service par des escaliers situés près du vestibule; on peut aussi y accéder directement par la place Vauquelin ou la rue Gosford. 

La fonction administrative prend encore plus de place à l'intérieur lors de la reconstruction des années 1920, mais on dote encore l'édifice d'espaces publics dignes d'une métropole. La manière Beaux-Arts s'y prête bien; plutôt sobre, elle n'empêche pas de conserver une certaine exubérance. Le hall d'honneur, réduit et simplifié après l'incendie, offre encore un décor d'apparat pour les réceptions et les cérémonies publiques : murs de marbre beige ponctués de pilastres en marbre d'Escalette (France) munis de chapiteaux corinthiens dorés, en bronze; planchers à motifs de marbre rouge et de marbre vert (Campan, France); garde-corps, rampes, grand lustre, torchères et autres luminaires en bronze doré. Dans la salle du Conseil, le trône ou « fauteuil du maire », utilisé par le président d'assemblée, ainsi que les pupitres et la base des murs, sont faits de noyer, de bois de teck, d'ébène et de palissandre. Cinq hautes verrières aux couleurs vives, de facture moderne, représentent divers visages de la ville des années 1920. À l'étage inférieur, les comptoirs de service, plus modestes, sont néanmoins en marbre gris et munis de classiques ailerons à volutes. 

En plus de l'horloge en bois surmonté des armoiries de la Ville au-dessus de la porte de la salle du Conseil, on trouve à divers endroits les armoiries de la Ville et les inscriptions « Hôtel de ville » et « City Hall ».
 
Construction initiale: 
Date de construction : 1872-1878